Blogue de données

Voici notre blogue de données, une nouvelle façon de découvrir nos données de santé publique, en plus d'avoir les dernières nouvelles sur nos publications à venir.

Surveillance sentinelle des intoxications liées à la consommation de substances au Canada : pleins feux sur la méthamphétamine Published: ()

Faits saillants

  • Dans l’ensemble, 41 % des cas d’intoxication concernaient au moins l’une des substances suivantes : alcool, cannabis, méthamphétamine, opioïdes, cocaïne, cigarettes électroniques et produits de vapotage.
  • L’alcool était la substance la plus souvent signalée.
  • Parmi les cas où l’usage de plus d’une substance a été rapportée, la combinaison la plus fréquente était l’alcool et le cannabis.
  • Parmi les intoxications liées à des substances (dont celles concernant la méthamphétamine), les adultes de 20 ans et plus représentaient un taux de 2 963 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, contre 714 cas chez les enfants et les jeunes de 0 à 19 ans
  • Une admission à l’hôpital a été nécessaire pour 8 % de tous les cas d’intoxication liés à des substances (dont ceux concernant la méthamphétamine), contre 6 % des intoxications liées à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie).
  • Des cas d’automutilation intentionnelle, dont des tentatives de suicide, ont été signalés pour 21 % de tous les cas d’intoxication liés à des substances (dont ceux concernant la méthamphétamine), contre 18 % des cas d’intoxication liés à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie).

Une attention accrue a été portée aux blessures et aux intoxications liées à la consommation de substances au Canada au cours des dernières années en raison des menaces émergentes pour la santé publique, plus particulièrement associées à la crise des surdoses d’opioïdes, à l’introduction de puissants cannabinoïdes synthétiques dans le marché clandestin et à l’émergence des cigarettes électroniques sur le marché canadien. La surveillance des blessures et des intoxications par le Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT) et d’autres initiatives s’est poursuivie tout au long de la pandémie de COVID-19, et de futures études de surveillance examineront les répercussions sur le fardeau des intoxications liées aux substances et d’autres contextes.

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Ce blogue de données présente des statistiques sur les intoxications liées à certaines substances et met l’accent sur la méthamphétamine, une substance également appelée meth en cristaux, speed ou beurre d’arachides. Ce blogue de données est le troisième d’une série présentant des statistiques sur les intoxications liées à des substances signalées par SCHIRPT. Le premier blogue de données présentait les principales conclusions d’études de surveillance fondées sur des analyses de la base de données électronique du SCHIRPT (eSCHIRPT), et le deuxième blogue de données présentait des statistiques sur les intoxications liées à certaines substances et mettait l’accent sur les opioïdes.

Les blogues de données subséquents présenteront des statistiques de l'eSCHIRPT en temps opportun sur diverses substances tout au long de l’année 2021, et des articles scientifiques détaillés sont également prévus. Ce travail contribue à faire la lumière sur les méfaits liés aux substances au Canada et complète les renseignements provenant d’autres sources de données. Plus amples renseignements sur les méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada sont disponibles.

Consommation de méthamphétamine et hospitalisations au Canada

La méthamphétamine est un puissant stimulant synthétique, et sa consommation peut avoir des conséquences mortellesFootnote 1Footnote 2. Des effets négatifs sur la santé physique et mentale ont également été décrits, particulièrement quand la consommation de méthamphétamine est fréquente. Ces effets comprennent un rythme cardiaque rapide et irrégulier, une accélération de la respiration, de l’agitation, de l’anxiété et la psychoseFootnote 1 Footnote 3. Selon l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues de 2015, la prévalence de la consommation de méthamphétamine parmi le grand public au cours des 12 derniers mois était de 0,2 %Footnote * [intervalle de confiance à 95 % : 0,1 à 0,3 %], ce qui représente environ 59 000 Canadiens de 15 ans et plus (exception faite des résidents des territoires du pays)Footnote 4.

Au cours de l’exercice 2018-2019, sur toutes les hospitalisationsFootnote ** associées à des méfaits liés à la consommation de substances chez les Canadiens de 10 ans et plus, on estime que 12,9 % ont été causées par des stimulants (à l’exception de la cocaïne), ce qui comprend la méthamphétamineFootnote 5. Chez les jeunes Canadiens de 18 à 24 ans, le nombre d’hospitalisations liées aux stimulants (à l’exception de la cocaïne) était élevéFootnote 6, ce qui reflète la nécessité d’interventions ciblées en matière de santé publique.

Plus de renseignements sur la consommation problématique de substances et les initiatives connexes prises par le gouvernement du Canada sont disponibles.

Ce que l’on sait sur les intoxications liées à la consommation de substances selon l'eSCHIRPT

Comment les cas ont été recensés

On a interrogé la base de données de l'eSCHIRPT pour sélectionner tous les cas accidentels et intentionnels y ayant été enregistrés jusqu’au 31 octobre 2020 inclusivement, avec une date de blessure à partir du 1er avril 2011, et dont le premier diagnostic (le plus grave) était une intoxication (n = 39 877 intoxications, soit 2,9 % des dossiers de l'eSCHIRPT).

Parmi ceux-ci, des cas d’intoxication liés à l’alcool, au cannabis, à la méthamphétamine, aux opioïdes (dont la codéine, l’oxycodone, la morphine, l’héroïne, le fentanyl et autres), à la cocaïne, aux cigarettes électroniques et aux produits de vapotage ont été recensés à l’aide de termes de recherche bilingues.

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Combien y a-t-il eu de cas d’intoxication liés à des substances et quelle était la répartition des substances consommées?

Dans l’ensemble, 40,8 % des cas d’intoxication (16 289 sur 39 877 cas d’intoxication) concernaient au moins l’une des substances suivantes : alcool, cannabis, méthamphétamine, opioïdes, cocaïne, cigarettes électroniques et produits de vapotage. Cela équivaut à 1,2 % de tous les dossiers de l’eSCHIRPT pendant la période d’étude.

L’alcool était la substance la plus souvent signalée, et le classement des six substances est le suivant :

  1. Alcool (n = 11 579; 71,1 % des cas)
  2. Cannabis (n = 3 325; 20,4 % des cas)
  3. Opioïdes (n = 2 009; 12,3 % des cas))
  4. Méthamphétamine (n = 1 941; 11,9 % des cas)
  5. Cocaïne (n = 1 148; 7,1 % des cas)
  6. Cigarettes électroniques et produits de vapotage (n = 127; 0,8 % des cas)

Notez que ces pourcentages ne totalisent pas 100 %, car de nombreux patients ont déclaré avoir consommé plus d’une substance à la fois (polytoxicomanie).

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Sexe et âge

Les statistiques sur le sexe et l’âge sont présentées sous forme de taux par rapport à tous les cas dans la base de données de l’eSCHIRPT.

Parmi les intoxications liées à des substances (dont celles concernant la méthamphétamine), les femmes représentaient 1 240,7 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, contre 1 123,0 cas chez les hommes.

Parmi les intoxications liées à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie), les hommes représentaient 153,6 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, contre 122,3 cas chez les femmes.

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Parmi les intoxications liées à des substances (dont celles concernant la méthamphétamine), les adultes de 20 ans et plus représentaient un taux de 2 963,0 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, contre 714,4 cas chez les enfants et les jeunes de 0 à 19 ans. Les taux relatifs à chaque groupe d’âge sont présentés dans le tableau 1.


Tableau 1. Répartition par âge normalisée* des intoxications liées à des substances**, eSCHIRPT, de 2011 à 2020, pour 100 000 dossiers
Groupe d’âge Nombre de cas Cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT
De 0 à 19 ans 7 888 714,4
 De 0 à 4 ans 587 159,0
 De 5 à 9 ans 94 37,0
 De 10 à 14 ans 1 898 611,6
 De 15 à 19 ans 5 309 3 210,1
20 ans et plus 8 389 2 963,0
 De 20 à 29 ans 2 288 3 167,9
 De 30 à 39 ans 2 057 4 231,1
 De 40 à 49 ans 1 592 3 928,1
 De 50 à 64 ans 1 865 3 024,4
 65 ans et plus 587 976,9
Total*** 16 277 1 174,0
* Les taux sont exprimés sous forme de fréquence normalisée par rapport aux dénominateurs de la base de données de l’eSCHIRPT (et non par rapport aux dénominateurs de la population canadienne). Ainsi, les dénombrements pour 100 000 dossiers sont normalisés en fonction de tous les cas de la base de données pour le groupe d’âge donné. Il s’agit d’une représentation plus précise du fardeau de ces intoxications dans les groupes d’âge en raison de la répartition inégale par âge dans la base de données, qui découle d’une proportion plus élevée d’hôpitaux pédiatriques que d’hôpitaux généraux.
** Comprend l’alcool, le cannabis, la cocaïne, la méthamphétamine, les opioïdes, les cigarettes électroniques et les produits de vapotage.
*** Exclut 12 cas pour lesquels il manquait des renseignements sur le groupe d’âge.

En ce qui concerne les intoxications liées à la méthamphétamine chez les enfants par rapport aux adultes, les adultes de 20 ans et plus représentaient un taux de 510,4 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, contre 44,2 cas chez les enfants et les jeunes de 0 à 19 ans. Les taux relatifs à chaque groupe d’âge sont présentés dans le tableau 2.


Tableau 2. Répartition par âge normalisée* des intoxications liées à la méthamphétamine**, eSCHIRPT, de 2011 à 2020, pour 100 000 dossiers
Groupe d’âge Nombre de cas Cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT
De 0 à 19 ans 488 44,2
 De 0 à 9 ans 18 2,9
 De 10 à 14 ans 79 25,5
 De 15 à 19 ans 391 236,4
20 ans et plus 1 445 510,4
 De 20 à 29 ans 477 660,4
 De 30 à 39 ans 530 1 090,2
 De 40 à 49 ans 275 678,5
 De 50 à 64 ans 153 248,1
 65 ans et plus 10 16,6
Total*** 1 933 139,3
* Les taux sont exprimés sous forme de fréquence normalisée par rapport aux dénominateurs de la base de données de l’eSCHIRPT (et non par rapport aux dénominateurs de la population canadienne). Ainsi, les taux pour 100 000 dossiers sont normalisés en fonction de tous les cas de la base de données pour le groupe d’âge donné. Il s’agit d’une représentation plus précise du fardeau de ces intoxications dans les groupes d’âge en raison de la répartition inégale par âge dans la base de données, qui découle d’une proportion plus élevée d’hôpitaux pédiatriques que d’hôpitaux généraux.
** Comprend la consommation de méthamphétamine associée à n’importe quel des éléments suivants : alcool, cannabis, cocaïne, opioïdes, cigarettes électroniques et produits de vapotage.
*** Exclut huit cas pour lesquels il manquait des renseignements sur le groupe d’âge.

Lorsque l’on considère ensemble l’âge et le sexe parmi les intoxications liées à des substances (dont celles concernant la méthamphétamine), les hommes de 30 à 39 ans représentaient un taux de 4 390,2 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, suivis par les hommes de 40 à 49 ans avec 4 361,3 cas et les femmes de 15 à 19 ans avec 4 215,0 cas pour 100 000 dossiers.

Parmi les intoxications liées à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie), les hommes de 30 à 39 ans représentaient un taux de 1 241,0 cas pour 100 000 dossiers de l’eSCHIRPT, suivis par les femmes de 30 à 39 ans avec 851,3 cas et les hommes de 40 à 49 ans avec 836,6 cas pour 100 000 dossiers.

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Quels types de soins hospitaliers se sont avérés nécessaires?

Une admission à l’hôpital a été nécessaire pour 8,3 % de tous les cas d’intoxication liés à des substances (dont ceux concernant la méthamphétamine), contre 6,1 % des intoxications liées à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie).


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Où les intoxications liées à des substances se sont-elles produites?

Les renseignements sur le lieu étaient inconnus dans 45,3 % de tous les cas d’intoxication liés à des substances. Parmi les cas où le lieu était connu (n = 8 909), le lieu le plus souvent signalé pour les intoxications liées à des substances était une résidence privée, soit le domicile du patient (41,5 %; n = 3 696), soit celui d’une autre personne (14,5 %; n = 1 296).

Les renseignements sur le lieu étaient inconnus dans 65,3 % des cas liés à la méthamphétamine. Parmi les cas où le lieu était connu (n = 673), un peu plus de la moitié des intoxications liées à la méthamphétamine se sont produites dans une résidence privée, soit le domicile du patient (39,4 %; n = 265), soit celui d’une autre personne (13,7 %; n = 92).

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La consommation de plus d’une substance à la fois était-elle courante?

La consommation de plus d’une substance à la fois (polytoxicomanie) a été signalée dans 20,0 % (n = 3 262) des cas d’intoxication liés à des substances. Les trois principales combinaisons de polytoxicomanie suivantes mettent chacune en cause deux substances :

  1. L’alcool et le cannabis dans 37,3 % (n = 1 217) des cas de polytoxicomanie (et dans 7,5 % de toutes les intoxications liées à des substances).
  2. L’alcool et la méthamphétamine dans 12,3 % (n = 401) des cas de polytoxicomanie (et dans 2,5 % de toutes les intoxications liées à des substances).
  3. L’alcool et la cocaïne dans 11,5 % (n= 374) des cas de polytoxicomanie (et dans 2,3 % de toutes les intoxications liées à des substances).
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Quelle était la proportion de cas d’automutilation intentionnelle?

Des cas d’automutilation intentionnelle, dont des tentatives de suicide, ont été signalés pour 21,3 % de tous les cas d’intoxication liés à des substances (dont ceux concernant la méthamphétamine), contre 18,2 % des cas d’intoxication liés à la méthamphétamine (dont la polytoxicomanie).


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Quelle était l’intention de n’utiliser que de la méthamphétamine, par rapport à la combinaison avec d’autres substances?

Sur les cas d’intoxication liés à la méthamphétamine, l’intention a été déterminée dans 57,7 % (n = 1 119) des cas. Les autres cas ont reçu le code « Événement d’intention non déterminée ». Lorsque l’on considère l’intention parallèlement à la consommation de méthamphétamine seule ou en combinaison avec d’autres substances, les trois principales circonstances les plus couramment signalées pour les deux groupes étaient les suivantes :

Pour la méthamphétamine seule :

  1. Intention non déterminée dans 17,9 % (n = 348) de tous les cas.
  2. Intoxication accidentelle dans 17,5 % (n = 338) de tous les cas.
  3. Automutilation intentionnelle, dont les tentatives de suicide, dans 7,6 % (n = 146) de tous les cas.

Pour la méthamphétamine en combinaison avec d’autres substances :

  1. Intention non déterminée dans 24,3 % (n = 470) de tous les cas.
  2. Intoxication accidentelle dans 20,4 % (n = 395) de tous les cas.
  3. Automutilation intentionnelle, dont les tentatives de suicide, dans 10,6 % n = 205) de tous les cas.

En savoir plus sur la source de données

Le SCHIRPT est un système de surveillance sentinelle des blessures et des intoxications actuellement en place dans les services d’urgence de 11 hôpitaux pédiatriques et de 10 hôpitaux généraux au Canada. Il permet de recueillir les témoignages des patients sur les circonstances de blessures avant l’événement (« Qu’est-ce qui s’est passé? »), et les renseignements cliniques sont ajoutés au formulaire de collecte de données par le personnel de l’hôpitalFootnote 7Footnote 8. Le SCHIRPT donne une image plus complète de l’événement de blessure que les données administratives hospitalières ou sur la mortalité seulement, et recense également les cas de blessures moins graves qui ne nécessitent pas d’hospitalisationFootnote 7.

La présente étude ne représente pas toutes les intoxications liées à des substances au Canada, car le SCHIRPT est en œuvre dans certains hôpitaux canadiens et parce que l’étude était axée uniquement sur certaines substances pour lesquelles une intoxication était le diagnostic le plus grave (selon que des blessures s’ajoutaient à l’intoxication ou qu’il s’agissait du seul diagnostic). Les adultes de plus de 18 ans, les Autochtones (dont les Inuits, les Métis et les Premières Nations) et les personnes vivant en région rurale peuvent être sous-représentés dans la base de données de l’eSCHIRPT, puisque la majorité des établissements participant au SCHIRPT sont des hôpitaux pédiatriques situés dans de grandes villes. Les blessures mortelles sont également sous-représentées dans cette base puisque les données des services d’urgence ne tiennent pas compte des personnes qui sont décédées avant leur arrivée à l’hôpital ou de celles qui sont décédées après avoir été admises aux urgences à partir d’un autre service. La saisie de l’information dans la base de données de l’eSCHIRPT se fait de façon continue; par conséquent, les données de certaines années pourraient être incomplètes.


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