Blogue de données
Voici notre blogue de données, une nouvelle façon de découvrir nos données de santé publique, en plus d'avoir les dernières nouvelles sur nos publications à venir.
Un regard canadien sur le lien entre la maltraitance envers les enfants et le diabète Published: ()

Ce que nous savons
Même une fois terminée, les séquelles de la maltraitance chez les enfants peuvent se manifester sur leurs corps pendant des années. Réduire la maltraitance envers les enfants ne permet pas seulement de réduire la douleur, les blessures et la souffrance immédiates qu’ils endurent, mais permet également d’améliorer leur santé physique à long terme, jusqu’à l’âge adulte.
La maltraitance envers les enfants est un enjeu de santé publique important.La maltraitance peut être également de nature physique et sexuelle, ainsi que d’être témoin de violence commise dans un contexte de relation intime. Les liens entre la maltraitance pendant l’enfance et les problèmes psychologiques chez les adolescents et les adultes sont bien connus, notamment les idées et les tentatives de suicide, les troubles de stress post traumatique, la dépression et la toxicomanie [Afifi et al., 2014 - En anglais seulement]; [Tonmyr & Shields, 2016 - En anglais seulement]. La présente recherche porte principalement sur les conséquences à long terme moins connues de la maltraitance des enfants et le développement de problèmes de santé physique chroniques.
"Les expériences vécues pendant l’enfance, qu’elles soient positives ou négatives, ont une énorme incidence sur la future victimisation ou la perpétration d’actes de violence, de même que sur la santé en générale ainsi que les possibilités, et ça, tout au long de la vie." [CDC, 2016 - En anglais seulement]
Les résultats d’une étude menée aux États-Unis sur les expériences négatives au cours de l’enfance (ENCE) viennent appuyer le lien existant entre les expériences négatives au cours de l’enfance et le développement de certaines maladies chroniques à long terme, comme le cancer, les problèmes cardiaques et le diabète à l’âge adulte. Un examen systématique et une méta-analyse réalisés en 2015, à l’aide des ENCE, a permis de déterminer que les expériences négatives au cours de l’enfance, y compris la maltraitance physique, la maltraitance sexuelle ou la négligence, ont été associées à un risque élevé de développer le diabète de type 2 à l’âge adulte. On croit que cela pourrait être dû au fait que les ENCE ont un rôle de stresseur chronique sur le corps, en libérant de grandes quantités de triglycérides, d’acides gras libres, de glucose et d’insuline dans le sang, de même que d’autres marqueurs d’inflammation. [Huang et al., 2015 - En anglais seulement]
Les études réalisées au Canada ont donné des résultats semblables.

Ce que nous avons observé
Certaines personnes sont victimes de maltraitance plus grave pendant leur enfance par rapport à d’autres personnes. Une personne pourrait avoir été frappée une fois, ou à répétition, avec ou sans objets dangereux. De façon similaire, la maltraitance sexuelle peut se produire une seule fois ou se poursuivre, et peut comprendre des actes plus ou moins intrusifs. De nouvelles recherches permettent d’explorer et de mieux comprendre l’importance de la gravité des actes par rapport aux résultats sur la santé observés plus tard dans la vie.
L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (2012) – Santé mentale (ESCC-SM), représentative à l’échelle nationale, comptait les réponses de plus de 25 000 Canadiens. Une étude récente fondée sur l’ESCC SM [Shields et al., 2016 - En anglais seulement] a révélé que la maltraitance pendant l’enfance était associée au diabète. Dans le cadre de ce sondage, les répondants devaient signaler leurs problèmes de santé à long terme diagnostiqués par un professionnel de la santé. Les adultes devaient également répondre à une série de questions qui portaient sur des expériences de maltraitance physique ou sexuelle au cours de l’enfance ou sur le fait d’avoir été témoin de violence commise dans un contexte de relation intime, vécues avant l’âge de 16 ans.

Ce que nous avons découvert
L’étude a montré que la fréquence (c’est-à-dire si la maltraitance s’est produite plus de trois fois), le type de maltraitance (physique, sexuelle ou les deux) et la gravité de la maltraitance (p. ex. coup de poing, étranglement ou brûlures) semblaient influer sur le risque de développer le diabète. Plus particulièrement, l’étude a révélé que :
- Les personnes ayant vécu de la maltraitance sexuelle grave fréquente pendant l’enfance étaient deux fois plus susceptibles de développer le diabète que celles qui n’avaient pas été victimes de maltraitance sexuelle pendant l’enfance.
- Vivre plus d’un type de maltraitance pendant l’enfance augmentait la probabilité de développer le diabète à l’âge adulte.
- Les personnes ayant vécu de la maltraitance physique et sexuelle grave fréquents pendant l’enfance étaient plus de deux fois plus susceptibles de développer le diabète que les personnes n’ayant vécu aucun de ces types de maltraitance.
Afin de vérifier le lien entre la maltraitance pendant l’enfance et le diabète, nous avons isolé les effets d’autres facteurs connus qui contribuent au risque de développer le diabète, comme l’obésité, le tabagisme, le niveau d’activité physique, la pression artérielle, l’âge, le sexe et le revenu. Cette vérification a permis de confirmer que le lien entre la maltraitance durant l’enfance et le diabète demeurait.
Peu d’études se sont déjà penchées sur les liens existant entre la maltraitance durant l’enfance et le diabète, en se basant sur d’importants échantillons de la population. Par conséquent, les études comme celle-ci qui est fondée sur un échantillon représentatif de Canadiens adultes, sont importantes pour mettre en lumière les conséquences permanentes pour la santé rattachées à l’expérience de la maltraitance durant l’enfance dans un contexte de violence familiale.

Ce que cela signifie pour la santé publique
Le diabète est la sixième cause de décès en importance au Canada et a pour effet d’augmenter le risque de développer un certain nombre d’autres problèmes de santé à long terme, comme les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. La proportion de Canadiens vivant avec le diabète a presque doublé, passant de 6 % en 2000 à 10 % en 2011. Comprendre le rôle de la maltraitance durant l’enfance à titre de facteur de risque pour le diabète, ainsi que pour d’autres problèmes de santé permanents, est important pour un traitement éclairé de cette maladie. Cela souligne également le besoin de se pencher sur la recherche ainsi que sur les efforts de prévention fondés sur des preuves afin de lutter contre la violence faite aux enfants en contexte familial. Travailler dès maintenant pour réduire la maltraitance durant l’enfance pourrait avoir des effets positifs sur la santé physique et mentale des Canadiens dans le futur.